Lettre ouverte : « On ne peut plus rester là à ne rien faire »
Lettre ouverte : « On ne peut plus rester là à ne rien faire »
« On ne peut plus rester là à ne rien faire »
Ce sont les mots prononcés par Daniel Habel, président de la Fédération de l’UPA Centre-du-Québec, lors d’une conférence de presse le 23 août dernier. Il faisait part de l’appréhension de son organisation face à la réduction anticipée de la production agricole en raison, entre autres, de l’arrivée planifiée de centaines d’éoliennes dans des secteurs parmi les plus productifs de la zone verte.
Lors de cette même conférence de presse, l’UPA dénonçait également « l’opportunisme des décideurs politiques de tous les paliers » à renoncer à la protection des terres agricoles dans leurs milieux.
En tant qu’élus et ex-élus, nous, le Vent d’élus, ne pouvons pas non plus rester là à ne rien faire; nous ne pouvons pas être complices de cette perte imminente de nos terres fertiles. Avons-nous, en tant que société, oublié l’importance de se nourrir? De la sécurité alimentaire? Dans trente ans, quand les éoliennes arrêteront de tourner, que deviendra le garde-manger des québécois? Un dépotoir de socles d’éoliennes, cachés sous une mince couche de terre arable? Où en sera cette richesse rendu là?
Nous, le Vent d’élus, voyons la ressource immense et pérenne que renferment les terres agricoles du Québec que nous ont léguées nos ancêtres. Nous avons une vision sociétale à très long terme qui nécessite la sauvegarde et la protection, becs et ongles, de ces terres, et ce, pour des centaines d’années à venir. Il est hors de question d’amputer une partie de cette richesse collective au nom du soi-disant progrès quand il y a clairement d’autres options plus respectueuses de ce patrimoine nourricier qui s’offrent à nous.
Il est encore temps de prendre le temps, d’éviter vitesse et précipitation, de ne pas se laisser aveugler par des promesses de redevances qui pourraient garnir les coffres des municipalités à court terme mais qui auront un effet d’appauvrissement collectif à long terme. Ayons la clairvoyance et le courage d’envisager toutes les options qui s’offrent à nous et cessons de piger dans le maigre pourcentage de riches terres agricoles qui nous restent.
Nous devons, en tant que société, et surtout en tant que décideurs politiques, prendre le temps de bien réfléchir à la transition qui s’apprête à se déployer sur nos territoires. Cela fait maintenant plusieurs années que des scientifiques, chercheurs, experts et citoyens réclament un BAPE générique afin qu’on avance vers notre avenir énergétique d’un pas commun et réfléchi. Ce n’est pas dans le chaos et la précipitation que nous y arriverons et ce n’est surtout pas en minant à coups d’un hectare, une éolienne à la fois, notre garde-manger collectif, que le progrès se réalisera.
Comme l’a très bien dit Jean Garon, ministre du MAPAQ de 1976 à 1985 et père de la Loi sur la protection des terres agricoles : « Si nous ne cessons pas de gruger notre richesse de terres agricoles, nous en paierons le prix. Car quand elles sont perdues, c’est vraiment fini. »
Rachel Fahlman, au nom du Vent d’élus